En 2002, au sein de l’association Reg’Arts Croisés , nous avons choisi pour thème  « A la manière de… ». Nous devons choisir trois photographes et trois peintres, dont Paul Cézanne et Saul Leiter, pour être étudiés et interprétés par tous les membres.

Quant à moi, j’ai choisi  la nature morte pour évoquer les œuvres de ces six artistes, qui comprennent également René Magritte et Chardin pour les peintres, et Man Ray et Irvinn Penn pour les photographes.

Ma démarche consiste à explorer l’approche et la spécificité de chaque artiste, afin de créer une photographie originale qui évoque l’essence de leur travail, plutôt que de simplement reproduire ou copier une de leurs œuvres.

Tout d’abord les peintres :

Pour rendre hommage à Cézanne,

j’ai pris la voie de l’innovation et de la rupture en mettant en scène des miroirs qui déconstruisent les formes et les lignes, reflétant ainsi son approche précurseur du cubisme.

Chardin,

le maître de la nature morte au XVIII° siécle, j’ai privilégié la lumière pour obtenir cet effet brillant sur les fruits en vaporisant des goutelletes d’eau.

Enfin, Magritte, dont l’œuvre surréaliste m’attire tant, j’ai été confronté à un dilemme : quelle approche choisir ? Après avoir réalisé deux esquisses, je n’ai pas réussi à départager mes deux idées. J’ai donc choisi de présenter les deux photographies lors de l’exposition.

La première est une vanité avec un œil logé dans une huître, qui évoque une forme d’introspection et de réflexion sur soi-même. La seconde, quant à elle, évoque l’évasion à travers la lecture, avec la mer en toile de fond. Ces deux photographies ont connu un grand succès et ont été vendues lors de l’exposition.

Vanité

Evasion

Ensuite les photographes:

Je trouve que le monde de Saul Leiter

connu pour sa maîtrise de la couleur et sa capacité à capturer des moments fugaces de la vie urbaine. Son univers est un monde poétique et contemplatif où la vie s’écoule lentement, paisiblement, comme en apesanteur. Les images de Leiter sont souvent floues, presque abstraites, mais elles captent avec une grande justesse la beauté de l’ordinaire, de l’instant présent. La aussi j’ai présenté deux photos.

Plongé dans l’univers onirique de Man Ray,

j’ai voulu apporter ma touche personnelle à sa célèbre photographie « Une blanche, une noire » mettant en scène Kiki de Montparnasse. Dans cette oeuvre datant de 1928, le blanc semblait dominer l’espace avec une arrogance qui m’a profondément dérangé. Pour contrer cette suprématie, j’ai choisi de mettre en scène deux statues, l’une noire, l’autre blanche, positionnées sur un même plan. Sous l’objectif de mon appareil photo, les deux formes se sont mélangées pour créer un tourbillon de distorsion, une danse surrealiste où le blanc et le noir se fondent en une seule entité.

Enfin Irvinn Penn, et la nature morte.

Irving Penn est connu pour ses photographies de natures mortes, où il sublimait les objets les plus ordinaires en leur conférant une aura de mystère et de beauté. L’une de ses photographies les plus célèbres est celle d’un mégot de cigarette, qui démontre parfaitement son talent pour la composition et la lumière.Dans cette image, le mégot est représenté avec une précision étonnante, comme si chaque particule de cendre était visible à l’œil nu. La mise en scène minimaliste, avec un fond blanc uni, renforce l’impact visuel de cette nature morte, qui se transforme en une véritable œuvre d’art sous l’objectif de Penn.

Pour ma part, j’ai recréé l’ambiance d’une table de bistrot à travers ma photographie. On y voit une tasse vide, une blague à tabac avec une pipe et un  verre vide sur la table, tandis que le client, satisfait de sa consommation, s’apprête à se lever. Cette composition rappelle l’atmosphère conviviale et éphémère des bistros, où les clients viennent se détendre et profiter d’un moment de partage avant de partir vaquer à leurs occupations.  Cette image évoque ainsi la fugacité de l’instant et la beauté des rencontres fortuites, qui font le charme de ces lieux emblématiques de la culture française.